Je n’ai pas besoin de grand-chose pour me sentir en vacances. Tout d’abord, une grande étendue de temps libre, disons pour la forme deux semaines, au moins ; ensuite la certitude que j’irai me coucher uniquement si je n’ai plus rien d’intéressant à faire ; enfin la douceur de me lever seulement si je suis absolument reposé. Mon lit… Je ne vous ai pas encore parlé de mon lit.
Mon lit est le plus beau de tous les lits de l’Univers. J’y dors merveilleusement, c’est essentiel ; de fait, j’y rêve aussi. Les plus beaux rêves de ma vie se sont déroulés dans mon lit. J’y ai habité le Musée du Louvre, j’y ai séduit les femmes les plus désirables et j’y ai volé si haut que tous les oiseaux m’enviaient. J’y ai fait l’amour, j’y ai entendu des secrets de désir et en ai prononcé autant, car la poésie ne vaut que si elle est murmurée dans la pénombre à l’oreille d’une femme. J’y ai aussi chahuté, fait des batailles d’oreillers, lu, bu et fumé. J’y ai retrouvé la santé pendant d’inattendues convalescences.
Je ne me suis jamais ennuyé dans mon lit. J’y ai découvert de nouvelles idées, rencontré de fraîches partenaires, appris des caresses inédites. J’y ai senti battre mon cœur à de nouveaux accords, l’odeur de l’amour qui vous rend heureux d’exister et le parfum triste et merveilleux de la solitude. Vous l’avez compris, j’aime mon lit. Et si je devais répondre à la question rituelle : « Qu’emmèneriez-vous si vous deviez échouer sur une île déserte ? », sans hésitation, je répondrais : « Mon lit ! ».
Aujourd’hui je suis en vacances et je compte bien en profiter. Mon lit a tellement à m’offrir ; tellement plus que le tumulte de tout ce foin de Noël qui déjà m’exaspère. Au moment où j’écris ces lignes, je suis en train d’imaginer les délices qu’il va me proposer ce soir. Son accueil, sa chaleur, son parfum ; le parfum de ma compagne sur les draps, sa chaleur, son accueil…
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