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LE CHEMIN DE LA MER – Chapitre 8 (3/3)

Les Vœux de Romary

(fin)

Dans le salon d’été, les conversations allaient bon train. Après avoir joué un moment à qui était le plus riche, chacun s’efforçait désormais de démontrer, non sans une certaine mythomanie, qu’il était le mieux informé de ce qui se tramait à la Cour du bon Roi Alcar.

Le thème central de ces élucubrations était, comme toujours, la vie dissolue du souverain. Ainsi, chacun connaissait pour l’avoir vu, entendu ou vécu tous ses travers, toutes ses perversions, tous ses secrets les plus noirs. Tous pouvaient s’en donner à cœur joie en ce sens, le bon Roi Alcar ne faisait pas partie des invités. Quoi de plus agréable que de dire du mal des puissants quand ils ne sont pas là pour se défendre ? Il était étonnant de voir à quel point personne n’accordait au monarque la moindre qualité. Si l’assemblée avait été représentative des opinions des sujets du Royaume, on aurait pu en déduire que la popularité royale était proche de zéro.

— Je vous garantis mes chers amis que sa Majesté entretient plus de 500 courtisanes et tout autant de bâtards ! Ils ont fait venir un grand Mathématicien pour en tenir le compte.

— Ces chiffres sont bien en deçà de la réalité ma chère. Je sais de source sûre qu’il pensionne au moins mille prostitués. Filles et garçons !

— Des garçons aussi ?

— Évidemment Monsieur le Baron ! Vous ne saviez donc pas qu’il aimait aussi les garçons ?

— J’avais entendu des rumeurs mais je n’y croyais guère.

— Et encore je ne vous parle pas de ses penchants pour…

En contraste, la teneur des échanges à la table d’Artus était d’une tout autre nature. Son assistance était composée de vieilles veuves qui écoutaient, fascinées, le récit de ses voyages. Bel homme et beau parleur, il subjuguait son auditoire en s’inventant de palpitantes aventures dans l’Est Profond, les Terres Australes et même le Ponant Mystérieux. A l’en croire, il avait échappé mille fois à la Mort, grâce à son intelligence, sa science du combat et son courage. Il avait découvert des cités perdues, des temples oubliés et des trésors inestimables. Pour étayer ses propos il sortit de sa poche un objet curieux : un petit cylindre de bois gravé d’un motif géométrique qui portait une encoche profonde en son centre.

— Regardez ce que j’ai découvert dans les Terres Australes. Les indigènes appellent cela un yo-yo. Le secret comme vous pouvez le voir est cette petite ficelle. Regardez attentivement, je passe mon majeur dans la petite boucle et hop !

Artus exécuta parfaitement quelques allers-retours avant que le yo-yo parte en vrille et perde toute énergie. Les veuves ébahies ne purent retenir leurs exclamations, l’une d’elles applaudit.

— Comme c’est beau !

— Comment est-ce possible ?

— Ça sert à quoi au juste ?

Artus prit son air le plus mystérieux :

— Les Australos s’en servent pour jeter des sorts à leurs ennemis.

— Mais, n’est-ce pas dangereux alors, s’enquit une vieille femme au nez très long ?

— Bien sûr que c’est dangereux, répondit Artus en fronçant les sourcils ! Au demeurant je viens de vous envoûter, toutes autant que vous êtes.

Il prit soudain un air diabolique tandis que son regard devenait plus sombre et que le ton de sa voix se paraît de teintes graves :

— Vous êtes dorénavant sous mon contrôle et vous obéirez à chacun de mes ordres. Vous n’avez plus de volonté ! Vous êtes mes esclaves !

Ces dames cessèrent de glousser et se figèrent dans un silence déconcerté. Elles ne savaient pas si leur interlocuteur était sérieux. Elles s’entre-dévisagèrent un instant, cherchant la réponse dans les yeux de leurs voisines. Elles n’y trouvèrent nulle répartie.  Cet homme, devenu soudain si obscur, commençait sérieusement à les apeurer. Artus riait intérieurement et comme l’inquiétude des veuves allait croissant, il décida de mettre fin à sa petite farce.

— Je plaisantais Mesdames, vous n’êtes pas plus envoûtées que la chaise sur laquelle je suis assis. Le yo-yo n’est qu’un jouet. Il demande un certain savoir-faire certes, mais il reste un jouet. C’est une distraction très commune chez les enfants australos. Certains y sont fort adroits…

— Je le savais, prétendit l’une des veuves en soupirant de soulagement.

— Moi aussi, renchérit une autre en souriant. Vous êtes décidemment un sacré fripon, Monsieur.

Artus savait très bien que les veuves mentaient, mais un peu flagorneur il ajouta :

— Je savais dès le départ qu’il était impossible de berner des femmes aussi sagaces que vous. Mon seul but était de vous faire sourire.

Flattées ces dames se mirent à minauder de plus belle :

— Vous êtes un sacré charmeur mon cher Artus et je dois vous avouer que si j’avais 10 ans de moins…

 Un coup de gong puissant retentit. Le silence se fit dans le salon d’été. Une fois qu’il eût jugé le niveau d’attention suffisant le Maître du Protocole annonça d’une voix solennelle :

— Nobles Dames et fiers Messieurs, les femmes de service vont venir vous offrir, comme cela est la tradition, une hampe florale de delphinium blanc, symbole de notre belle Cité, après quoi nous nous mettrons en route pour la cérémonie.

L’usage voulait que les invités portent avec eux des fleurs blanches depuis la maison du célébré jusqu’au Temple. Les bouquets étaient ensuite dispersés à même le sol de la nef afin de réaliser un tapis. Ainsi le rite du passage à l’âge adulte prenait toute sa dimension symbolique ; le chemin de fleurs blanches était foulé aux pieds par le célébré, signifiant ainsi qu’il renonçait à la candeur de son enfance. De même, suivant le cérémonial, l’aube blanche serait abandonnée et remplacée par la toge des adultes – bleu de Mer à Port des Dauphins. Cette tradition était, on le comprend, purement anagogique : rien n’empêchait qu’un adulte se vêtît de blanc.

Tandis que l’assemblée se paraît de delphiniums, c’était l’agitation à l‘extérieur. Plus de 400 carrosses richement sculptés avaient été réservés. De longs rubans de tulle venaient agrémenter les dorures, les lanternes et les rayons des roues des voitures. Les cochers portaient tous un uniforme de soie blanche, une cravate de soie ivoire et des gants beurre frais. Les attelages étaient constitués de six voire huit chevaux à la robe grise ; tous de très puissants animaux, queues et crinières nattées de fils aux teintes vives. Les sangles et les courroies des harnais, réalisés par le plus grand sellier du Royaume, étaient piquetées de grelots d’argent au tintement aigrelet. A travers les vitres des portières, on pouvait deviner le moelleux des fauteuils capitonnés de satin. Tant de beauté et de perfection étaient la promesse que la procession serait des plus réussie, d’autant plus que le beau temps semblait vouloir persister. La file de carrosses, en parfait ordre, semblait s’étirer jusqu’à l’horizon. Les cochers avaient pour l’occasion, répété la manœuvre à de nombreuses reprises car une synchronisation parfaite était indispensable : au moment où, dans le salon d’été, le Maître de Protocole appelait chaque invité, il fallait que le carrosse attribué soit prêt à recevoir son hôte sur le perron. Une fois le passager à bord, il était important que son carrosse avance sur une courte distance pour laisser la place au suivant dans la file mais sans le distancer. Bien que le perron pût accueillir plus de 10 voitures à la fois, l’opération prendrait plus de trois heures. L’ordre de préséance faisait que la queue du cortège était réservée à la famille tandis que Romary partirait le dernier, quelques minutes après ses parents et son oncle, seul sur son char blanc de célébré.

Dans le plus grand calme, le cortège se formait, une fois complet celui-ci mesurerait plus de deux lieues ; de fait les premiers partis arriveraient au Temple au moment où les derniers quitteraient le château. Des gardes avaient été postés tout le long du chemin pour garantir la sécurité des invités. Quand on quittait les faubourgs et qu’on pénétrait dans la ville à proprement parler, des barrières avaient été érigées en barricade afin de contenir le public qui viendrait se masser pour assister à l’événement. Le Capitaine Benoît fut bien inspiré d’avoir pris cette précaution. En effet, aux nombreux employés et fournisseurs des fabriques de custodes – et Tarman sait qu’il y en avait beaucoup à Port des Dauphins – accourus pour rendre hommage à la famille Brunon s’ajoutaient une armée de curieux et leurs proches ainsi comme à l’habitude, qu’une multitude de tire-laine et de mendiants. Bousculades et altercations commencèrent bien avant l’arrivée du cortège, chacun voulait être au premier rang. Sans les protections mises en place, la chaussée aurait été bien vite envahie et la cérémonie gâchée. En retrait de ce chaos, les commerçants se frottaient les mains d’avance, car on peut facilement l’imaginer, avec la chaleur qui s’annonçait, de nombreux clients allaient se ruer dans les tavernes pour se désaltérer. Ils s’attendaient tous à un chiffre d’affaire record : on n’avait jamais vu autant de monde en centre-ville.

La troupe qui surveillait la rue se mit en alerte au moment où le premier carrosse fit son apparition sous les vivats et les cris de joie. La foule se mit à pousser pour se rapprocher du spectacle ; les barrières en chêne étaient solides et tinrent le choc. Partout où la populace essayait d’escalader la barricade, les gardes implacables donnaient du bâton. Quelques bagarres éclatèrent mais furent bien vite réprimées. Au final il n’y eut aucun incident notable à déclarer. Les invités arrivèrent à bon port dans la liesse d’un public émerveillé et sincèrement heureux de célébrer l’événement. Cet extrait de l’autobiographie du Prince d’Amerbur en est un élément de preuve :

« J’ignorais jusqu’alors qu’on pût être si ridiculement populaire quand on est si effrayamment riche. Je conçois que les employés de mon hôte lui aient fait une telle fête, après tout c’est le travail qu’il leur offre qui les autorise à vivre ; mais tous ces roturiers, nullement impliqués dans ses affaires, applaudissant à tout rompre et criant à toute voix tout au long du parcours, reste, même aujourd’hui, un des spectacles les plus mystérieux auquel j’ai eu l’occasion d’assister. »

Au Temple, dont les murs avaient été parementés de fleurs, l’excitation enflait au fur et à mesure que les invités s’installaient. Il faut envisager ici que les premiers arrivés attendaient depuis un long moment déjà. Le Grand-Prêtre se tenait quant à lui, silencieux, au pied de la gigantesque statue de Tarman et observait cet aréopage de ploutocrates avec un respect bienveillant. Il lançait de temps à autre un regard noir à ceux qui, enthousiastes, parlaient un peu trop fort. On était dans un Temple : une certaine retenue était essentielle. Il était entouré d’une kyrielle de jeunes novices, tout aussi muets que leur aîné dans la Grande Œuvre. Ils allaient l’assister pendant les chants, les prières et la quête. L’ecclésiastique s’efforçait, vu la qualité de l’assemblée, d’estimer combien de fonds il allait récolter. Ce serait probablement une très belle somme qu’il se voyait déjà investir dans le Séminaire, pour parfaire encore l’éducation dispensée aux élèves. Il était de son devoir de garantir l’avenir du Culte et cela, à son sens, passait par une formation irréprochable des Prêtres. Certes Clorinde Brunon avait été insupportable pendant ces mois de préparatif, mais au bout du compte, à sa manière, elle avait apporté une contribution exceptionnelle à la plus grande gloire de Tarman. Du coin de l’œil il aperçut la famille Brunon faire son entrée, Onésime en tête. Il ne manquait plus que Romary. Il fit un geste de bref de la main à l’attention des novices qui se précipitèrent alors pour collecter les delphiniums des invités. A reculons, ils les déposèrent dans l’allée centrale en prenant soin de ne pas abîmer les fleurs. Très vite toutes les gerbes furent disposées de la porte à l’autel. Tout était désormais prêt pour accueillir le célébré. L’excitation monta encore d’un cran.

Sur son char, Romary dans son aube blanche, jouissait de ce moment de gloire. C’était lui qu’on était venu acclamer, lui le héros du jour, lui qu’on aimait. De la main il saluait la foule en souriant, comme dans un rêve qui s’étire. Parvenu au Temple, un peu théâtralement, il fit tourner les chevaux en cercle, tout en s’inclinant devant son public. La clameur devint assourdissante. Lassé de cet exercice, il sauta du char, laissant l’attelage arrêter sa course plus loin. Il salua encore une fois, puis pénétra dans le Temple. A son entrée un silence total se fit. Il marcha avec souplesse sur les fleurs et se dirigea droit vers l’autel, sans un regard pour l’assemblée, droit devant, comme l’exigeait la cérémonie. Arrivé à destination, il s’agenouilla dos à l’autel face aux invités. Le silence parfait fut soudain brisé par Clorinde qui éclata en sanglots. Onésime tenta de réconforter son épouse comme il put, mais celle-ci semblait ne jamais devoir s’arrêter de pleurer. Le Grand-Prêtre inquiet chuchota un mot à l’oreille d’un des novices qui s’empressa de porter un verre de cordial à la pauvre femme.

A quelques hoquets de Clorinde près, le silence revint dans le lieu saint. Les novices interprétèrent un chant de joie a capella qui résonna encore longtemps après qu’ils l’eurent achevé. Doucement le Célébrant s’approcha du Célébré et lui retira son aube pour qu’il parût nu devant son Créateur. Romary entama alors la prière :

— Ô Tarman, toi qui es le Père de toute chose, je parais aujourd’hui devant toi, sans voile, comme au jour de ma naissance. Je jure solennellement de te servir jusqu’à ce que tu me rappelles à toi sur la Montagne Sacrée. Chaque instant de ma vie te sera dédié, de ce jour où selon Ton Vouloir je deviens un adulte au jour de ma Mort. Je t’offrirai tout mon Amour comme je sais dans mon cœur que tu m’offres tout le Tien. Protège de nos ennemis tous les vrais croyants de la Grande Œuvre. Donne-moi la force de me battre en Ton Nom et de bâtir des Temples à Ta Gloire. Bénis-moi en ce jour où j’abandonne à jamais mon innocence et m’apprête à porter la toge bleu de Mer. Fais de moi un Homme parmi les Hommes. Ô Tarman, toi qui es le Père de toute chose, je parais aujourd’hui devant toi, sans voile, comme au jour de ma naissance.

Le Grand-Prêtre se recueillit un instant puis saisit la toge posée sur le bord de l’autel. Il aida Romary à la passer sous les applaudissements chaleureux des invités. La moitié des novices entamèrent alors une prière à Tarman, tandis que l’autre moitié procédait à la quête dans les travées. Comme l’avait escompté le Grand-Prêtre la somme récoltée fut très importante. Les étudiants du Séminaire allaient être gâtés. Clorinde remise de ses émotions n’arrêtait pas d’admirer son fils. Son petit garçon était devenu un si bel homme. Le bleu de la toge faisait ressortir celui de ses yeux et elle fondit en larmes à nouveau. La cérémonie reprit de plus belle par un chant solennel avant d’en arriver à sa conclusion : les vœux de Romary. Le jeune homme se tenait bien droit face à l’auditoire et à la surprise du Grand-Prêtre improvisa :

— Comprenez-moi bien, j’aime mes parents et j’ai envie de leur faire plaisir. Je sais que mon Père que vous appréciez tous, rêve de me voir reprendre les rênes de son entreprise de custodes. Je sais aussi, même si elle ne me l’a jamais dit, qu’au fond de son cœur ma tendre Mère, si dévote, espère que je m’oriente vers la prêtrise. Comment faire pour concilier les deux. Hier au soir, je ne trouvais pas le sommeil, ma Mère peut en témoigner. Je ne trouvais pas le sommeil car je n’avais toujours pas fait mon choix. Je finis pourtant par m’endormir et Tarman m’est apparu en rêve.

Des cris de surprise accueillirent, cette révélation. Artus qui connaissait bien son neveu se dit qu’il avait trouvé une raison indiscutable pour faire entériner son choix ou même mieux une mesure dilatoire. Le Grand-Prêtre aussi était dubitatif, il s’approcha du jeune homme et prononça :

— Et que t’as donc dit Tarman, Romary ?

— Grand-Prêtre, il m’a dit de passer le concours d’entrée au Séminaire.

À ces mots, Onésime se tassa sur son fauteuil. Le silence était épais, il faut dire que la situation était tout à fait inhabituelle. Romary poursuivit :

— Les meilleurs éléments du Royaume et au-delà vont passer ce concours et les places au Séminaire sont limitées. Si tu réussis, m’a-t-Il-dit, cela signifie que tu as l’étoffe pour exercer le mandat de Prêtre ; si tu échoues, tu sauras que tu es destiné à reprendre les affaires de ton Père.

Romary prit une grande respiration et :

— C’est pourquoi je souhaite si toutefois cela est possible m’en remettre à l’épreuve que propose Tarman et suivre Sa décision divine.

L’auditoire fut saisi par le bon sens de la proposition de Tarman, mais Romary avait-il le droit de surseoir son choix ? Seul le Grand-Prêtre pouvait en décider. Chacun y allait de son commentaire et les murmures d’étonnement se muèrent rapidement en brouhaha.

— Tu te rends compte Oné, s’exclama Clorinde, Tarman parle à notre fils ! Tu devrais être fier et joyeux ! Notre fils est peut-être l’Élu ?

— J’ai bien entendu Clo, mais comprends ma déception. Depuis des générations de Brunon le fils aîné reprend l’activité de son père, alors…

Onésime fut interrompu par le Grand-Prêtre qui d’une voix forte demandait le silence.

— Chers Amis, le concours d’entrée du Séminaire aura lieu dans exactement trois mois. Dans peu de temps en somme. Cette petite entorse à la tradition ne me paraît donc pas bien grave. En outre, je ne souhaite, pas plus que je ne peux m’opposer à la volonté de Tarman. Qu’il en soit donc ainsi : qu’il passe le concours et nous serons fixés. Le moment est donc venu de te donner ma Bénédiction Romary, agenouille-toi, s’il te plaît.

Romary s’exécuta. Le Prêtre lui posa une main sur le front et prononça la phrase rituelle :

— Mon enfant, mon frère, mon père : au Nom de Tarman je te déclare Homme !

Après une nouvelle séance d’applaudissements, les invités vinrent un à un féliciter Romary et lui remirent, comme cela est la coutume, un somptueux présent. Son oncle Artus fut bref. Pas dupe, il lui fit un clin d’œil et lui donna le yo-yo en cadeau. La fête qui s’ensuivit dura tard dans la nuit et s’acheva par un magnifique « feu coloré dans le ciel » qu’on avait fait importer exprès de l’Est Profond.

*

Le lendemain de la cérémonie, la Gazette des Dauphins et les Échos du Port firent leurs grands titres des événements de la veille. Sur plusieurs pages ces journaux relatèrent avec moult détails le déroulement de la journée et son rebondissement : la magnificence du cortège, la noblesse des invités, la foule au rendez-vous, le choix retardé de Romary, le « feu coloré dans le ciel » … En revanche, ils n’accordèrent pas une ligne à la jeune Paulette Bliaux retrouvée tôt le matin même, battue à mort et égorgée.

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Chapitre 1

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